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APPRENTISSAGE DU CLARIN ET DE L’ABOÈS, SOUS LA DIRECTION DE PIERRE ROUCH

Département des musiques traditionnelles du conservatoire Guy-Laffitte de St-Gaudens (31)

A la fargo de Canillo (clari)

A la fargo de Canillo est, comme la Danse de l’ours, une chapelloise, c’est-à-dire une danse collective en cercle (cf. l’article concernant cette danse). Au clari, A la fargo de Canillo est joué en sol.

Cet air est aussi un témoignage d’une activité traditionnelle qui a été essentielle dans les Pyrénées centrales : la mine.

         Mines de Baigory. Médaille (Pays-Basque).

Les maîtres des forges sont d’importants acteurs de la vie industrielle dès le début du XVIIe siècle et jusqu’au  XIXe. Comme le montrent les archives, l’état de forgeron est héréditaire dans les familles d’Ariège qui se transmettent de père en fils leur art. « On trouvait difficilement une forge depuis le Comminges jusqu’en Roussillon dans laquelle la plupart des ouvriers ne soient natifs du comté de Foix. Ils se répandent même jusque dans le Béarn » écrit le naturaliste Picot de Lapeyrouse dans son Traité des mines et forges à fer du comté de Foix. (1786).

Une chanson célèbre circule alors à propos de la forge de Canillo, une des plus importantes forges de la région, située au-dessus des vallées d’Ariège, en Andorre .

Les forgeurs de Canillo

(A la forge de Canillo / On dit qu’il y a un bon maître de forges, /il vous donne charbon et mine /jusqu’au dernier massé. /Commis et forgeurs, /tous sont bien contents /parce qu’il les paie avec du bel argent.)

(Informations  extraites de Morère Philippe. « L’Ariège avant le régime démocratique. » L’ouvrier. II les forgeurs. p. 228 In: La Révolution de 1848. Bulletin de la Société d’histoire de la Révolution de 1848, Tome 11, Numéro 63, Juillet-août 1915. pp. 212-237. Note : le massé ou masset est la masse de fer retirée du creuset.)

Darrèr eth noste horn (branle de Bigorre)

Seul branle de Bigorre : Darrèr eth noste horn ou Darrèr noste horn (Derrière notre four). Si la tradition au pays basque est bien conservée il n’y a a priori pas traces archivées de branles ailleurs sur la chaîne, sinon ce traditionnel et trivial cant de nau des Hautes-Pyrénées et du val d’Aran.

« Un « chant de neuf » est une chanson qui commence avec neuf objets au premier couplet et on diminue chaque fois jusqu’à ce qu’on arrive à 1. Il n’y a en général pas 4 (quate en gascon) parce qu’il y a 2 syllabes. » (chansons et comptines). La Pometa est un chant de neuf.

Darrèr ‘th noste horn,
Nau cocuts que cantan.
Cantan tan hòrt et tan plan.
Nau cocuts cageran deman.
(…uèit, sèt, sheit, cinc, tres, dus, un)

On retrouve ce branle de Bigorre dans le disque Pireneùs de Matta/Rouch (2013) avec aboès, flûte-tambourin, samponha, et chant.

 

Deux branlous de la Montagne Noire

Les branlous sont différents des branles dansés en Béarn. Originaires de la Montagne Noire ils ont essaimés en Occitanie, en Auvergne, et plus haut encore.

Il sont traditionnellement joués à la bodega, la plus grosse des cornemuses occitanes, et au graile, qui est le hautbois languedocien des Monts de Lacaune.

Les deux branlous ici sont du Tarn.

  • Le premier est en Ré mineur (un Si b à la clef= ré, mi, fa, sol, la, si♭, do, ré.)
  • Le second en Sol majeur (un Fa # à la clef = sol, la, si, do, ré, mi, fa♯, sol) est un tròta topin (trotte pot) qui se danse en farandole.

Ces doigtés d’altérations sont rappelées dans un article à part.

Nous jouons les branlous sur le hautbois du Couserans. 

Voir la bodega, sur le site de Robert Matta.
Et un graile sur wikipedia.

 


Ci-dessous les deux instruments.

« Ella se casa » : un pasodoble au clari

Un pasodoble au clari de Bigorre ? Si, c’est possible. Après tout il ne s’agit que de passer la crête des Pyrénées pour cette musique ibérique, très tôt francisée dans le Sud-Ouest.

Si le pasodoble a eu peut-être pour naissance lointaine, au XVIIIe s., l’entrée martiale des toreros dans l’arène, et s’il est toujours une musique liée à la corrida, il est néanmoins devenu rapidement une danse de salon. Hors ce contexte, il reste une musique populaire festive sur son rythme binaire d’origine.

« Ella se casa », Elle se marie, au clari. (Histoire d’une femme qui quitte son mari et il est malheureux.) 2 voix.


1ère voix :


2e voix :



Bonne tablée et joyeuse humeur pour fêter la sortie de confinement en musique en octobre 2020. Ici avec une sympathique bande de bouilleurs de sons et trois clari pour faire bonne mesure.


 

Le chant au Tralala

Exercice du jour : chanter au « Tralala » le Branlo airejant !

Entendu lors des veillées, le « chant au Tralala » est un chant sans paroles qu’on pratique dans plusieurs régions, entre autres l’Auvergne, le Limousin, les Pyrénées (où il était bien plus courant de l’entendre que d’entendre jouer du hautbois).
Qu’ils le débutent avant le chant lui-même, ou bien qu’ils le reprennent à sa suite ou encore qu’ils l’insèrent à différents moments du chant, le ou les chanteurs adoptent des intonations variées lors des tours successifs, ce qui vient soutenir la danse et la relancer.

…afin d’accompagner et de mieux traduire le mouvement de la danse. (« Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». cf. Malette pédagogique « Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». (Edition COMDT Toulouse Occitanie, IA 31, DRAC.)

Le Tralala est créé sur des onomatopées, quelques syllabes ou des allitérations et parfois il imitera des instruments. Il produit des effets multiples :

Ces onomatopées sont mélangées aux paroles et on y entend les voyelles du texte, alors que les consonnes (uniquement des « t », « d » et « l ») assurent la plus petite découpe rythmique possible. Le chanteur passe du tralala aux paroles et des paroles au tralala sans complexe, à son bon gré, de façon à donner à la danse de la spontanéité et de la surprise. (AMTA)

En voici deux exemples chantés en Couserans sur l’air connu Eths caulets quan son geladis, extraits de la Malette pédagogique « Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». On remarque, à la suite du Tralala (n°1), l’introduction de l’air au clari.

D’autres exemples en Puy-de-Dôme (3) et Cantal (4).


Nota:

  •  

Clétage des clarin et aboès

Afin d’obtenir une note plus basse d’un demi-ton, utile dans bien des airs, un trou peut être ajouté au tube de l’instrument. Mais une clef est nécessaire pour l’atteindre.

Ainsi pour le clari en sol, la clef ajoute le FA# (grave). Pour le hautbois en ré, la clef ajoute le DO# (grave).

Par un effet de levier cet accessoire bouche le trou. Pratique, la clef-papillon (ici sur l’aboès) permet d’accéder à la note, qu’on soit droitier ou gaucher.

Deus tin pot (clari)

Deus tin pot !

Une bourrée à 3 temps très entraînante au nom à consonance flamande… (poussière dans le pot ?) qui se danse en couple.

Suivant diverses sources, les bourrées d’Ariège à deux temps viendraient de ces vieilles danses à 2 ou 3 temps qu’on retrouvent dans le centre de la France (Auvergne, Limousin, Berry, Bourbonnais), ou importées. cf. Go-to-the-Futur. Cette bourrée belge (?) s’adapterait donc à une des plus vieilles formes de danse ariégeoise.

A découvrir avec Pierre Rouch au son de son clari hexagonal qui, comme on l’entend, n’a pas de poussière dans le tuyau. (A-A – B-B)

Nouveauté: le sol# grave.

Première voix :

Deuxième voix

 



La célèbre ronde La Pometa est bien une bourrée ariégeoise à trois temps. A écouter ici, lors du Grand bal trad « Comminges-Couserans » organisé par Arpalhands avec les trios « Eth Chòt », « Toti Très » et « Bouilleurs de sons ».

 

 


Le site de l’AMTA consacré à la bourrée (intéressant mais non mis à jour): https://la-bourrée.fr/ (un reflet de l’extraordinaire variété de ses pratiques)

Petit précis des pas de danse dans le fichier préparé par Vincent Garcia (sur Orludiato) : http://orlulas.online.fr/diato/nmad/d/bourree3temps.pdf


Et ci-dessous un extrait du concours (!) de danse de bourrées à 3 temps « Les Volcaniques » (en Auvergne).



Et ici