La bourrée « Deus tin pot » est l’occasion de découvrir un doigté particulier :
Au clari le Sol# grave est réalisé en bouchant le trou supplémentaire avec le petit doigt tout en laissant ouvert le 6e trou.
A noter que le Sol # aigu se fera de la même façon mais en libérant le trou d’octave à l’arrière du tube.
Au hautbois le Mib grave est produit de façon identique, tout comme le Mib aigu.
Cet air sautillant est en deux voix, chacune en 2 phrases.
On en trouve l’audio dans le chapitre 6 de la « méthode de Hautbois du Couserans » de Sergi Llena Mur et Pierre Rouch.
Vidéo enregistrée lors de l’atelier, avec la 2e voix à 0:50 sec.
Trois Traversées du Couserans que jouait le Clitchou (Eth Clitcho)
Le Couserans, ce territoire gascon en pays montagnard au centre des Pyrénées, abrite une grande richesse de musiques et danses traditionnelles.
Outre la Castanha et la Remenilha, la Traversada fait partie de ces formes de danses particulières ariégeoises.
Généralement pratiquée dans le castillonnais, [La Traversée] se dansait à 4 : 2 hommes, 2 femmes. Cette danse a été notée pour la première fois par Jean Poueigh après la Première guerre mondiale. Il s’agit peut-être d’une adaptation d’une version de contredanse. On y retrouve le pas sauté qui est également celui des bourrées.
On note également que les danseurs rythmaient certaines Traversées avec les temps 2 et 4 des mélodies:
Parfois des danseurs pouvaient frapper des mains en accélérant le tempo s’ils trouvaient que le musicien ou le chanteur allait trop lentement.
Information tirée de la pochette pour l’apprentissage extraite de la Malette pédagogique « Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». Edition COMDT Toulouse Occitanie, IA 31, DRAC.
Les 3 traversées se jouent à la suite, telles que Joseph Cau, dit Eth Clitcho, paysan de la vallée de Bethmale et musicien du groupe Les Bethmalais (également clarinettiste), les jouait au hautbois dès les premières années du XXe siècle lors des nombreuses fêtes du pays ou en tournées.
Le groupe des Bethmalais à Toulouse en 1924 entouré de couserannais. Eth Clitcho est à droite avec sa clarinette. Photo /site bethmalais.com
Pierre Rouch nous les apprend toutes trois.
La première traversée d’abord ici :
Et les trois ensemble :
Pour se rendre compte des pas sautés, voici une traversée dansée par le groupe les Biroussans en 2012 : La Pelagourdine.
Pour commencer l’année scolaire 2022-2023 avec le clari, le branle airejan est à l’honneur. (Mais on le joue aussi au hautbois.)
Ci-dessous Pierre Rouch au clari.
PETITE HISTOIRE
Le branle, eau-forte. Bouzonnet-Stella XVIIes.
Un branle est une vieille danse commune à des territoires très divers en Europe dont elle adopte les caractéristiques mais qui se pratique toujours avec les mêmes pas et le plus souvent en ronde (carole) mais parfois en chaîne ouverte, en cortège, en arc de cercle (cf. Sondaqui). De même on retrouve le balancement des bras. Les rondes du Quercy tout comme l’An Dro et l’Hanter Dro bretons sont des branles.
« Les pas de base sont simples et faciles, et alternent à gauche et à droite, d’où le nom de branle. Le pas de branle simple est un simple appui long à gauche ou à droite sur 1 temps musical … « (cf. Wikipedia).
En Béarn, deux styles sont à distinguer : le branlo baish (grave, lent avec des pas non sautillants) pour des cérémonies ou événements particuliers; et le branlo airejant (léger, aérien, enlevé) pour les fêtes joyeuses. (voir illustrations plus bas).
Des paroles peuvent accompagner cette danse: Se répondant d’une moitié de la chaîne à l’autre, … ou les femmes répondant aux hommes, les participants ont longtemps fondu les deux exercices en un seul, témoignant ainsi de la parenté évidente du branlo avec ses lointains ancêtres, les caroles et les branles. (Sondaqui). Il se chante aussi au Tralala (voir la page).
Pour tout savoir sur les branles d’Ossau, héritier des danses de la Renaissance voir les sites:
mondes.occitanica (en lengua). D’aquestes divèrs títols, lo branlo aussalés que testimònia dongas, d’un biais hòrt evident, d’un « estat ancian de la dança ».
et sondaqui (en fr.). Au XIXème siècle, il est attesté dans les trois vallées principales – Barétous, Aspe et Ossau -, de même qu’en terre de Bigorre, dans la vallée d’Arbéost-Ferrières, limitrophe de la vallée d’Ossau.
Premier cours de hautbois du Couserans de l’année 2022-2023 au conservatoire de St-Gaudens dans l’atelier de musique traditionnelle dirigé par Pierre Rouch.
Nous jouons sur des instruments en RÉ avec un DO# grave accessible par une clef comme expliqué dans la page :« clétage des clarin et aboès ». (cf. image de droite).
On notera que les sons aigus de l’instrument nécessitent une émission plus poussée au contraire des sons graves (qui font vibrer la note de manière désagréable si on souffle trop fort). Donc s’exercer sans pincer l’anche et maîtriser la pression !
Premiers exercices d’entraînement sur des airs déjà connus au clari : Eths caulets; Lo Parpalhon, et la valse Arrastrat. (voir la page dédiée.)
Morceau à apprendre au hautbois : Branle Airejant. (Lire la page concernée pour en savoir plus.)
Le clari possède 8 trous, dont 1… pas aligné. Qu’ei horadat sus eth dessús de 6 traucs de jòc alinhats e un laterau de cap ath baish e ath darrèr d’un trauc d’octava superiora. (cf. Bouilleurdesons, Pierre Rouch) ¹ Ce « trauc laterau de cap ath baish e ath darrèr » c’est la perce du Fa #. Pas aligné, et pas à égale distance du dernier, il sera bien placé pour le petit doigt, ou pas… Pour certains joueurs en effet il sera trop loin et ils auront du mal à positionner leur auriculaire trop court !
La solution sera alors le clétage, une rallonge mécanique, une prothèse de jeu (comme pour les clarinettes, hautbois et autres). Le principe est le même qu’avec le doigt : boucher l’orifice pour allonger la colonne d’air et baisser la note d’un demi ton. Du Sol on passe ainsi au Fa #, note la plus grave du petit hautbois de Bigorre.
[su_quote cite= »wikipedia » url= »https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9_(organologie) »]En organologie, une clé est un dispositif mécanique permettant d’ouvrir ou de fermer les trous d’un instrument à vent qui sont hors d’atteinte des doigts. [/su_quote]
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¹ Note: Il est percé sur le dessus de 6 trous de jeu alignés et un latéral vers le bas; et à l’arrière d’un trou d’octave supérieure.
En apprentissage, une musique de cérémonie, Arrastrat, dont on peut retrouver l’audio dans La Metòda d’aboès deths Pirenèus, Eth clarin de Bigòrra (répertoire 1, n°7. Sergi Llena Mur et Pierre Rouch. Bàlagium editors, 2017.)
Ce morceau succède à la valse aragonaise.
Arrastrat est une valse à jouer particulièrement lentement, un tempo lent qui est en rapport avec cette musique solennelle. L’espagnol arrastrar signifiant « traîner », le mot est peut-être employé ici en référence aux processions lentes. A noter que le terme décrit également, en tango, le déplacement du pied de la danseuse par le pied de son partenaire. Dans la vidéo ci-dessous le tempo est lent suivant la tradition; la prestation en est d’autant plus impressionnante.
Audition de l’ensemble de gaïtas de boto (la Gaïta = la belle cornemuse d’Aragon) de l’Ecole municipale de musique et de danse de Zaragoza pour le concert de fin d’année (2015/16).
L’interprétation diffère avec Riu, un groupe de néo-folk catalan qui a fêté ses 10 ans en 2020: la lenteur n’excède pas la présentation du thème; très vite le rythme enlevé l’emporte avec l’entrée de l’orchestre (album amb Canya, 2013). « RIU ha estat capaç de revolucionar l’escena musical folc catalana gràcies a la innovació en els arrangement, creant noves sonororitats i noves harmonies que miren de reull a l’atlàntic. » (cf. page linkedin).
Hautbois d'Afrique du Nord et d'Egyte, Timbre Grèce 1975
Nous connaissons les hautbois des Pyrénées, le petit hautbois de Bigorre, le clarin, et le hautbois du Couserans; également la txanbella de la Soule, la Gaïta d’Aragon, la trompa de Ribagorça; mais il en existe bien d’autres et dans d’autres pays.
Ici, dessinés sur ce timbre poste de Grèce créé en 1975, six hautbois d’Afrique du Nord et d’Egypte de types variés.
Cold War est un film polonais en noir et blanc de Pawel Pawlikowski de 2018 (prix de la mise en scène, Festival de Cannes). Outre l’histoire d’un amour tragique à l’époque de la guerre froide (Pologne 1949), c’est un beau parcours musical que l’on découvre. Au générique les protagonistes sillonnent la campagne polonaise en collectant des musiques, chants et danses folkloriques. 4 mn de prises directes de sons auprès de ce qui semble être d’authentiques musiciens populaires. Témoignages émouvants.
Voir la page sur Arte TV.
Lire le site officiel Diaphana. Ces collectages ne sont pas sans rappeler ceux de Nicolas Bouvier et de son compagnon graveur Thierry Vernet dans leur périple de juin 1953 à décembre 54 de Suisse à l’Afghanistan, équipés de leur matériel d’enregistrement (L’Usage du Monde, 1963.) Beaucoup de descriptions de scènes y font penser.
Par ordre d’entrée, la duda* (cornemuse typique de Pologne avec le soufflet sous le bras droit), un violon, un ancêtre de l’harmonium (une sorte d’accordéon-piano à pédales dont « les soufflets sont maniés par des pédales et un mécanisme de chaîne » cf. wiki physharmonica. ici à droite), et plus classiquement un tambourin accompagné d’un harmonica.
La saison 2 de l’atelier de clari du département des musiques traditionnelles du Conservatoire de St-Gaudens reprend avec un nouveau morceau : Cascabilla (ou cascabillo).
Le cascabillo est une danse traditionnelle aragonèse de la région de Sobrarbe. Il est ici joué à Buerba (province de Huesca) à l’occasion des fêtes de San Miguel (2017). On y repèrera une vielle à roue et une flûte à trois trous accompagnée d’un petit tambour. Le Cascabillo serait un petit serpent à sonnettes. https://ladigitale.dev/digiplay/#/v/61a255c61ab76
Une première vidéo avec le morceau classique, et une seconde avec une variante où on note le doigté pour ne pas aller chercher le FA# de la version classique.