Un petit bal pour le petit hautbois de Haute Bigorre.
Suivi par Cascabilla.
A la fargo de Canillo est, comme la Danse de l’ours, une chapelloise, c’est-à-dire une danse collective en cercle (cf. l’article concernant cette danse). Au clari, A la fargo de Canillo est joué en sol.
Cet air est aussi un témoignage d’une activité traditionnelle qui a été essentielle dans les Pyrénées centrales : la mine.
Les maîtres des forges sont d’importants acteurs de la vie industrielle dès le début du XVIIe siècle et jusqu’au XIXe. Comme le montrent les archives, l’état de forgeron est héréditaire dans les familles d’Ariège qui se transmettent de père en fils leur art. « On trouvait difficilement une forge depuis le Comminges jusqu’en Roussillon dans laquelle la plupart des ouvriers ne soient natifs du comté de Foix. Ils se répandent même jusque dans le Béarn » écrit le naturaliste Picot de Lapeyrouse dans son Traité des mines et forges à fer du comté de Foix. (1786).
Une chanson célèbre circule alors à propos de la forge de Canillo, une des plus importantes forges de la région, située au-dessus des vallées d’Ariège, en Andorre .
(A la forge de Canillo / On dit qu’il y a un bon maître de forges, /il vous donne charbon et mine /jusqu’au dernier massé. /Commis et forgeurs, /tous sont bien contents /parce qu’il les paie avec du bel argent.)
(Informations extraites de Morère Philippe. « L’Ariège avant le régime démocratique. » L’ouvrier. II les forgeurs. p. 228 In: La Révolution de 1848. Bulletin de la Société d’histoire de la Révolution de 1848, Tome 11, Numéro 63, Juillet-août 1915. pp. 212-237. Note : le massé ou masset est la masse de fer retirée du creuset.)
Seul branle de Bigorre : Darrèr eth noste horn ou Darrèr noste horn (Derrière notre four). Si la tradition au pays basque est bien conservée il n’y a a priori pas traces archivées de branles ailleurs sur la chaîne, sinon ce traditionnel et trivial cant de nau des Hautes-Pyrénées et du val d’Aran.
« Un « chant de neuf » est une chanson qui commence avec neuf objets au premier couplet et on diminue chaque fois jusqu’à ce qu’on arrive à 1. Il n’y a en général pas 4 (quate en gascon) parce qu’il y a 2 syllabes. » (chansons et comptines). La Pometa est un chant de neuf.
Darrèr ‘th noste horn,
Nau cocuts que cantan.
Cantan tan hòrt et tan plan.
Nau cocuts cageran deman.
(…uèit, sèt, sheit, cinc, tres, dus, un)
On retrouve ce branle de Bigorre dans le disque Pireneùs de Matta/Rouch (2013) avec aboès, flûte-tambourin, samponha, et chant.
Les branlous sont différents des branles dansés en Béarn. Originaires de la Montagne Noire ils ont essaimés en Occitanie, en Auvergne, et plus haut encore.
Il sont traditionnellement joués à la bodega, la plus grosse des cornemuses occitanes, et au graile, qui est le hautbois languedocien des Monts de Lacaune.
Les deux branlous ici sont du Tarn.
Ces doigtés d’altérations sont rappelées dans un article à part.
Nous jouons les branlous sur le hautbois du Couserans.
Voir la bodega, sur le site de Robert Matta.
Et un graile sur wikipedia.
Ci-dessous les deux instruments.
Sur les notes Ré et Mi aigus, le doigté à la main droite change pour faciliter la prise.
Retrouvez le tableau général des doigtés ici.
Un pasodoble au clari de Bigorre ? Si, c’est possible. Après tout il ne s’agit que de passer la crête des Pyrénées pour cette musique ibérique, très tôt francisée dans le Sud-Ouest.
Si le pasodoble a eu peut-être pour naissance lointaine, au XVIIIe s., l’entrée martiale des toreros dans l’arène, et s’il est toujours une musique liée à la corrida, il est néanmoins devenu rapidement une danse de salon. Hors ce contexte, il reste une musique populaire festive sur son rythme binaire d’origine.
« Ella se casa », Elle se marie, au clari. (Histoire d’une femme qui quitte son mari et il est malheureux.) 2 voix.
1ère voix :
2e voix :
Bonne tablée et joyeuse humeur pour fêter la sortie de confinement en musique en octobre 2020. Ici avec une sympathique bande de bouilleurs de sons et trois clari pour faire bonne mesure.
Nouvelle Traversée du Couserans.
Doigtés simples. On reste sur une octave et on ne monte pas après le SI.
Exercice du jour : chanter au « Tralala » le Branlo airejant !
Entendu lors des veillées, le « chant au Tralala » est un chant sans paroles qu’on pratique dans plusieurs régions, entre autres l’Auvergne, le Limousin, les Pyrénées (où il était bien plus courant de l’entendre que d’entendre jouer du hautbois).
Qu’ils le débutent avant le chant lui-même, ou bien qu’ils le reprennent à sa suite ou encore qu’ils l’insèrent à différents moments du chant, le ou les chanteurs adoptent des intonations variées lors des tours successifs, ce qui vient soutenir la danse et la relancer.
…afin d’accompagner et de mieux traduire le mouvement de la danse. (« Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». cf. Malette pédagogique « Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». (Edition COMDT Toulouse Occitanie, IA 31, DRAC.)
Le Tralala est créé sur des onomatopées, quelques syllabes ou des allitérations et parfois il imitera des instruments. Il produit des effets multiples :
Ces onomatopées sont mélangées aux paroles et on y entend les voyelles du texte, alors que les consonnes (uniquement des « t », « d » et « l ») assurent la plus petite découpe rythmique possible. Le chanteur passe du tralala aux paroles et des paroles au tralala sans complexe, à son bon gré, de façon à donner à la danse de la spontanéité et de la surprise. (AMTA)
En voici deux exemples chantés en Couserans sur l’air connu Eths caulets quan son geladis, extraits de la Malette pédagogique « Musiques et danses traditionnelles en Couserans ». On remarque, à la suite du Tralala (n°1), l’introduction de l’air au clari.
D’autres exemples en Puy-de-Dôme (3) et Cantal (4).
Nota:
Afin d’obtenir une note plus basse d’un demi-ton, utile dans bien des airs, un trou peut être ajouté au tube de l’instrument. Mais une clef est nécessaire pour l’atteindre.
Ainsi pour le clari en sol, la clef ajoute le FA# (grave). Pour le hautbois en ré, la clef ajoute le DO# (grave).
Par un effet de levier cet accessoire bouche le trou. Pratique, la clef-papillon (ici sur l’aboès) permet d’accéder à la note, qu’on soit droitier ou gaucher.