Auteur/autrice : GeP (page 4 of 20)
S’il est un chant traditionnel qui est joué et chanté en solo, en choeur, à 2 ou plusieurs voix, sur tous les tons et avec toutes les harmonisations instrumentales possibles, c’est bien celui-ci.
Pour l’atelier, on étudiera le grand Hautbois du Couserans et le petit Clarin de Haute-Bigorre qui se répondent.
Enregistré par un grand nombre de groupes, cet air est ici dans une version vocale.
L’AUTE JÒRN DINS L’ORT
(Béarn)
L’aute jorn dins l’ort
L’entenderi que plourava (X2)
E io que me’n aprochavi
Li diguerei en sospirant
Malurosas son las filhas
Qui se’n fisen aus galants (X2)
Traduction :
L’autre jour dans le jardin /Je l’ai entendue pleurer /Et moi qui m’approchais /Je lui ai dit en soupirant /Malheureuses sont les filles /Qui se fient aux galants
Un morceau d’Aragon, emprunté au célèbre groupe des Pyrénées centrales Eth Chot. Ici enregistré à l’atelier par Pierre Rouch pour le clari.
Si la La polka est une danse à l’origine venant des pays slaves, elle a été importé au XIXe s en Europe centrale puis popularisée en France après un passage parisien dans les années 1840. A deux temps, aux pas simples, c’est son tempo enlevé voire très rapide qui séduit. En espagnol « Chispita » signifie « Petite étincelle ».
Le trio Eth Chot: Jean-Marc APIOU, accordéon diatonique, Philippe REUGE, cornemuse, Pierre APIOU, vielle à roue.
A la fargo de Canillo est, comme la Danse de l’ours, une chapelloise, c’est-à-dire une danse collective en cercle (cf. l’article concernant cette danse). Au clari, A la fargo de Canillo est joué en sol.
Cet air est aussi un témoignage d’une activité traditionnelle qui a été essentielle dans les Pyrénées centrales : la mine.
Les maîtres des forges sont d’importants acteurs de la vie industrielle dès le début du XVIIe siècle et jusqu’au XIXe. Comme le montrent les archives, l’état de forgeron est héréditaire dans les familles d’Ariège qui se transmettent de père en fils leur art. « On trouvait difficilement une forge depuis le Comminges jusqu’en Roussillon dans laquelle la plupart des ouvriers ne soient natifs du comté de Foix. Ils se répandent même jusque dans le Béarn » écrit le naturaliste Picot de Lapeyrouse dans son Traité des mines et forges à fer du comté de Foix. (1786).
Une chanson célèbre circule alors à propos de la forge de Canillo, une des plus importantes forges de la région, située au-dessus des vallées d’Ariège, en Andorre .

(A la forge de Canillo / On dit qu’il y a un bon maître de forges, /il vous donne charbon et mine /jusqu’au dernier massé. /Commis et forgeurs, /tous sont bien contents /parce qu’il les paie avec du bel argent.)
(Informations extraites de Morère Philippe. « L’Ariège avant le régime démocratique. » L’ouvrier. II les forgeurs. p. 228 In: La Révolution de 1848. Bulletin de la Société d’histoire de la Révolution de 1848, Tome 11, Numéro 63, Juillet-août 1915. pp. 212-237. Note : le massé ou masset est la masse de fer retirée du creuset.)
Seul branle de Bigorre : Darrèr eth noste horn ou Darrèr noste horn (Derrière notre four). Si la tradition au pays basque est bien conservée il n’y a a priori pas traces archivées de branles ailleurs sur la chaîne, sinon ce traditionnel et trivial cant de nau des Hautes-Pyrénées et du val d’Aran.
« Un « chant de neuf » est une chanson qui commence avec neuf objets au premier couplet et on diminue chaque fois jusqu’à ce qu’on arrive à 1. Il n’y a en général pas 4 (quate en gascon) parce qu’il y a 2 syllabes. » (chansons et comptines). La Pometa est un chant de neuf.
Darrèr ‘th noste horn,
Nau cocuts que cantan.
Cantan tan hòrt et tan plan.
Nau cocuts cageran deman.
(…uèit, sèt, sheit, cinc, tres, dus, un)
On retrouve ce branle de Bigorre dans le disque Pireneùs de Matta/Rouch (2013) avec aboès, flûte-tambourin, samponha, et chant.
Les branlous sont différents des branles dansés en Béarn. Originaires de la Montagne Noire ils ont essaimés en Occitanie, en Auvergne, et plus haut encore.
Il sont traditionnellement joués à la bodega, la plus grosse des cornemuses occitanes, et au graile, qui est le hautbois languedocien des Monts de Lacaune.
Les deux branlous ici sont du Tarn.
- Le premier est en Ré mineur (un Si b à la clef= ré, mi, fa, sol, la, si♭, do, ré.)
- Le second en Sol majeur (un Fa # à la clef = sol, la, si, do, ré, mi, fa♯, sol) est un tròta topin (trotte pot) qui se danse en farandole.
Ces doigtés d’altérations sont rappelées dans un article à part.
Nous jouons les branlous sur le hautbois du Couserans.
Voir la bodega, sur le site de Robert Matta.
Et un graile sur wikipedia.
Ci-dessous les deux instruments.
